En allant de l’avant, vous acceptez que nous démolissons, critiquons, encensons, fustigeons, esquintons, glorifions, magnifions, massacrons les sujets de notre choix. Nous le faisons en connaissance de cause ou non, dans le but de ressasser gratuitement de vieilles opinions, de jeter un œil différent sur des débats actuels, de s’engager avec audace dans des thèmes nouveaux et de partager nos points de vue sur les petites insipidités de la vie. En entrant sur ce site, vous convenez donc que le sérieux et l’érudition de nos propos sont personnels et non sans failles et que, par conséquent, nous sommes ouverts à tout commentaire ou mise au point.

vendredi

Où est passé le service à la clientèle?

Dis-moi, cher lecteur (salut, Max!) est-ce moi ou le concept de "service à la clientèle" est un art qui se perd? Qu'est-il arrivé au "client est roi"? Sommes-nous maintenant des choses nuisibles, pour qui il est inutile de se forcer à sourire?

J'ai été serveuse des années. C'est pas pour me vanter, mais je crois pouvoir compter sur les doigts d'une main les clients qui m'ont trouvé l'air bête. Peu importe le mal de pieds ou la crise existencielle, j'ai toujours acceuilli mes clients avec un sourire et un minimum de bonne humeur. Résultat: je me suis fait rarement engueuler (à part une fois, par un français, pour 0,20 cents, mais c'est une autre histoire).

Que se passe-t-il de nos jours? D'aucun accusent les jeunes qui ne savent pas vivre et encore moins travailler. C'est vrai que se faire acceuillir dans une boutique par une floune de 14 ans qui mâche sa gomme la bouche ouverte et te demande "qu'est-ce tu cherches, madame?" c'est pas fort. Mais les personnes d'un certain âge ne sont pas en reste. L'employée de mon nettoyeur, par exemple: la cinquantaine peu souriante. Hier, je l'ai interrompue pendant qu'elle comptait son petit change. Je m'installe, souriante, patiente, et la regarde compter ses 25 sous, puis ses 10 sous, puis ses 5 sous, imperturbable. Je lui dis "je vais repasser", espérant qu'elle comprenne le message, mais elle me répond "non, non, ce sera pas long" et continue de compter sa caisse! Est-ce moi? Voyons, suis-je une cliente trop exigeante de m'attendre à ce qu'elle compte sa caisse après m'avoir servie?

Un autre exemple: la visite hebdomadaire au club vidéo. Chéri, amateur de réglisse, s'en sert deux, comme il le fait toutes les fois qu'on y va, une fois par semaine depuis plus d'un an. Cette fois-ci, madame-air-bête s'insurge: vous avez touché à toutes les réglisses! Va falloir toutes les acheter! Sur le ton du "vous essayez de donner le SIDA à tout le Vieux Hull, salaud!" Chéri et moi sommes restés muets, soufflés par son agressivité.

Ben voyons?

N'est-il plus possible de voir un / une commis s'adresser au monde de façon polie, professionnelle, souriante?

C'est trop demander, quoi?

Démocratie, quand tu nous tiens...

Quand on voit nos politiciens s'entre-déchirer sur la question de la nation, on a comme une envie saugrenue de les parquer dans un bateau destination "lointaine île déserte" sans possibilité de retour, non? Qu'est-ce qu'ils peuvent être énervants, enfin, avec leur gué-guerre de virgules!

Par contre, quand je vois qu'au Liban un jeune ministre est assassiné pour ses idées, je réfléchis. Nos politiciens m'énervent, certes, mais je ne voudrais pas vivre dans un pays où ils pourraient en mourrir. Ne vous méprenez pas: je déteste farouchement certains leaders. Je ne suis pas d'accord avec eux et je ne veux pas qu'ils soient réélus. Mais vais-je prendre les armes pour autant? Non, et que je n'en vois pas un le faire!

Pierre Gemayel faisait de la politique en sachant qu'il risquait d'en mourrir. Combien de nos Harper ou de nos Charest pourraient en faire autant? Probablement aucun, et c'est bien ainsi.

Je les regarde donc s'entre-déchirer avec un petit sourire. Chicanez-vous, les enfants, au moins, vous ne risquez rien de pire que de perdre vos élections.

Les Invasions lucides

Juste un mot pour vous raconter la soirée que j'ai passé hier en compagnie des Zapartistes: j'ai rit à m'en décrocher la machoire.

Leur nouveau spectacle, les Invasions Lucides, faisait un petit tour supplémentaire à Hull, pour notre grand plaisir. La salle était bondée et ça riait de bon coeur.

Ces 4 hurluberlus ont une énergie et une chimie incomparable, particulièrement Vanasse et Parenteau (de bons amis et ça paraît). Je connaissais les talents d'imitateur de ce dernier, mais il se surpasse dans ce spectacle en parodiant magnifiquement Lucien Bouchard, Yvon Deschamps, René Lévesque et bien entendu son incomparable Jean Charest "zip pe di pow". Son Lulu en curé fait un monologue biblique à hurler de rire.

Les Zapartistes, on le sait, sont des humoristes à contenu. Ici ils décortiquent le manifeste des lucides en lisant de vrais extraits et en démontrant leur absurdité. Si c'est la "gauche plateau" à n'en pas douter, ils en rient aussi (avec un hilarant numéro de parodie de Bazzo à la radio, dont le jingle seul m'a rendue nostalgique) tout en écorchant Jeff Fillion et la radio de Québec. Bref, tout le monde y passe.

Le tarif étudiant était de 20$ pour deux heures de rire ininterrompu: j'en ai eu pour mon argent! Dire que des humoristes "en bas de la ceinture" ont le culot de charger 50$ pour leur spectacle... Il va pleuvoir des grenouilles avant que je débourse une cenne pour voir Peter McLeod!

Ne manquez pas leur revue de l'année 2006 au Spectrum, chanceux montréalais...

Réponse à Max

Woh, mon pitou, on se calme!

Je ne pouvais pas ignorer ton dernier post, mon cher Max, interpellée surtout par tes « téléromans de bonne femme ». Tu devais bien te douter que ta co-bloggeuse voudrait mettre quelques petites choses au clair :

Mme Payette a déploré l’état de la télé, certes, mais elle en a surtout contre les téléréalités, de Loft story à Occupation double. Là-dessus, la plupart des détenteurs de cerveaux seront d’accord avec elle : c’est plate en mautadine, ces affaires-là.

Quand elle parle des téléromans d’aujourd’hui, Mme Payette a nommé le même que toi : l’Auberge du chien noir (et Annie et ses hommes) comme exemple de téléroman plate. Je ne peux pas juger : je n’en ai jamais regardé le quart du commencement d’une émission, mais je vous crois sur parole (pour rendre Vincent chose moins séduisant, ça prend quand même du talent dans la platitude!)

Tous les téléromans des années 80 étaient poches, Max? Lance et compte, un téléroman de bonne femme? Fortier, Scoop? Primo, ces deux derniers ont joué bien plus récemment que dans les années 80. Secundo, Fortier, que j’écoute présentement et pour la première fois, est plutôt bien tourné, et pas vraiment ce que j’appelle un téléroman de bonne femme. On est loin d’Emma, là, woh! Et tertio, certaines (je pense à Lance et compte) sont des séries cultes, qui ont passé à l’histoire, qui ont brassé la cabane, qui ont, je crois, changé des choses, à la fois dans le monde télévisuel et dans la société québécoise.

Avec nos yeux d’aujourd’hui, ces vieux téléromans n’ont rien d’extraordinaire. Mais il faut remettre les choses en perspective : les séries de l’époque, de Madame Payette ou de Janette Bertrand, ont beaucoup aidé à faire évoluer les mentalités. Il faut se souvenir de la commotion quand on a vu à la télé québécoise le premier necking interracial, le premier personnage gai pas trop fofolle, ou la première femme violentée qui se lève et sacre son camp. C’est grâce à ces séries « de bonne femme », comme tu dis, qu’on peut se vanter aujourd’hui d’avoir une télé différente et innovatrice. Et que des chialeux comme toi et moi peuvent écouter plusieurs émissions québécoises cette saison (j'adoooore Sophie Paquin)!

Allez, sans rancune.

lundi

Wagon rose

Non, ce texte ne fera pas allusion à la poésie de Rimbaud, mais plutôt à un fait divers qui me trouble :

Le Brésil et le Japon, deux pays pourtant éloignés culturellement et géographiquement, ont tous deux adoptés des wagons de métro "roses", pour femmes seulement.

La raison : les femmes sont victimes de harcèlement, ou pire, dans les transports en commun.

Le problème : si je suis, bien entendu, pour les mesures qui permettent aux femmes de se sentir en sécurité, je me pose cependant la question : ces wagons séparés sont-ils vraiment la solution? Les hommes qui harcèlent n’auront ainsi aucune raison d’arrêter. Ne devrait-on pas plutôt insister sur des campagnes de sensibilisation et d’éducation pour faire comprendre aux cochons / messieurs que ce n’est pas poli de tripoter les dames dans le métro (ni ailleurs, d’ailleurs).

Le fait : je pousse un soupir de soulagement assez intense. Si je me plains (trop souvent) de l’Homme québécois qui ne cruse pas et qui n’est pour le partage des tâches qu’en parole, je dois cependant avouer que je suis rassurée de savoir qu’un wagon rose ne serait pas nécessaire ici.

Merci les gars.

Maintenant, si on parlait du ménage? ;)