Parlons privé
Je n’ai pas trop compris pourquoi le chef du PQ, Dandy Boisclair, a ramené cette semaine le financement des écoles privées sur le tapis. Si le débat est intéressant, est-il pour autant urgent? Je peux me tromper, mais il y a au Québec une tonne de sujets plus importants à régler en ce moment, il me semble.
Puis, dans une valse-hésitation tout ce qu’il y a de plus « libéral », le cheuffe du PQ recule. Oubliez ça, on a rien dit!
Trop tard, mossieur Boisclair. Vous vouliez en parler? Souffrez que je vous donne mon opinion.
Il est faux, d’abord, de soutenir que les écoles privées reçoivent de l’argent public seulement pour les élèves doués. Les parents d’enfants en difficultés QUI ONT LES MOYENS peuvent tout à fait envoyer leurs rejetons au privé. J’ai vu nombreux élèves échouer au public et recevoir une « dernière chance » : fiston, on va payer le gros prix, mais tu vas finir ton secondaire, c’es-tu clair? Quelquefois ça marche. D’autre fois non. Ca dépend de la dureté de la tête du jeune en question.
J’ai passé ma vie au privé, et malheureusement, je peux affirmer que ça fait toute la différence. Il y a bien sûr des histoires d’enseignants dévoués qui font que leur classe, au public comme au privé, n’a rien à envier à La société des poètes disparus. Mais dans les faits, je me suis retrouvée au CÉGEP à faire des dictées du genre « Léo et Léa vont à l’école », avec des voisins qui s’arrachaient les cheveux. Selon mon calcul, j’ai lu plus de livres durant les cinq années de mon école secondaire qu’un québécois moyen en lit dans une vie.
Et puis, on dira ce qu’on voudra, l’uniforme à l’école, c’est une bonne idée.
Le privé coûte déjà pas mal cher, mais certains parents se serrent la ceinture et font ce choix. Couper le financement public voudrait dire doubler, voire tripler des frais de scolarité déjà faramineux : c’est à ce moment que seules les Paris Hilton de ce monde pourraient se le permettre. Et ce serait bien dommage, avouez.
Au lieu de couper, on pourrait peut-être aider financièrement les parents qui n’ont pas les moyens d’envoyer leur progéniture au privé? Il devrait exister des bourses pour aller au privé, pas seulement des bourses d’excellence (quoi que de cela, il n’y a jamais assez) mais aussi des bourses pour aider les élèves en difficultés. Au lieu de les envoyer en cheminement particulier faire des muffins, peut-être pourrait-on essayer d’abord ce que ça donnera dans des classes plus petites, avec des profs moins débordés et mieux payés, et, pourquoi pas, des élèves «en facilité» qui descendraient de leur piédestal pour donner un coup de main?
C’est ce que j’ai fait au CÉGEP : au lieu de faire des dictées débiles, je suis devenue tuteure en français. SIRUPEUSE CONCLUSION: ce fut l'expérience la plus enrichissante de ma vie!